L’Espagne des années 2000 : forte croissance, puis crise sans précédent
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L’Espagne des années 1990 : l’arrivée au pouvoir de la droite et la mise en place de l’Euro
Au tournant des années 2000, l’Espagne peut se targuer d’avoir intégré avec succès l’Union Economique et Monétaire (UEM) : le Parti Populaire en ressort grandi et remporte les élections de 2000 à la majorité absolue. En 2001, les effets de la Bulle Internet se font ressentir sur les économies développées, et ce même avant les attentats du 11 Septembre. L’Espagne n’est pas totalement à l’abri de ce ralentissement, mais sa croissance reste encore au-dessus de 3% entre 2001 et 2003. Au final, sur les huit ans de pouvoir du PP, l’économie espagnole se développa au rythme de 3,2% par an.
Le gouvernement du PP acheva le processus de privatisations avec succès, ces entreprises connaissant alors une croissance importante. Le PP poursuivit sa politique économique de gestion des déficits, ceux-ci se réduisant progressivement (le déficit budgétaire fut ramené à 1% dès 2000 et la dette publique 46% en 2004). Plus impressionnant encore : le chômage n’atteignait plus qu’un peu plus de 10% de la population active en 2004. Pourtant, le PSOE, dirigé par Jose Luis Zapatero, remporta les élections de 2004, peu de temps après les attentats du 11 mars 2004 à Madrid où près de 200 personnes perdirent la vie. Le PP, pourtant favori, accusa en effet à tort ETA d’être à l’origine de ces attentats. Poursuivant la politique économique du gouvernement précédent, Jose Luis Zapatero put compter dans un premier sur des résultats encourageants lui permettant de mettre en place des réformes sociales.
Mais dès 2007, la crise des subprimes, qui commença d’abord aux Etats-Unis, allait toucher rapidement l’Europe et l’Espagne. Relativement protégée en 2008, l’Espagne choisit une nouvelle fois de faire confiance au PSOE lors des élections générales. Mais la situation se dégrada rapidement : la croissance fut négative dès 2008 (-0,9%) et plus encore l’année suivante (-3,9%). Mais l’Espagne dut surtout faire face à une bulle immobilière de plus en plus importante. Alors que les prix de l’immobilier explosaient dans les années 2000, l’Espagne construisit chaque année plus de 500 000 nouveaux logements. Ce retournement de situation dans l’économie espagnole multiplia les hypothèques et commença à faire chuter significativement les prix. Elle provoqua également en partie l’explosion du chômage, dont le taux repassait au-dessus des 20% dès 2010, et amplifia la crise, qui fut bien plus profonde que dans d’autres pays d’Europe. Et tous les indicateurs macroéconomiques commencèrent également à déraper, plongeant alors l’Espagne dans sa plus grave crise économique depuis sa transition politique dans les années 1970.